Lorsque la Berliner Gram-O-Phone Company of Canada a reçu sa charte en 1904, Herbert Samuel (H. S.) Berliner (1882-1966), le fils d’Emile Berliner, avait 24 ans. En compagnie de deux autres actionnaires, le jeune homme fut nommé directeur de la nouvelle compagnie. Se doutait-il qu’il allait passer les 60 prochaines années dans le domaine de l’enregistrement sonore et devenir l’une des figures les plus marquantes de cette industrie après son père ?
Passionné de techniques et d’innovation, H.S. Berliner a toujours su se tenir à la fine pointe des développements qui ont marqué son industrie. À l’emploi de la compagnie Berliner, déjà, il fut l’un des premiers à établir en 1919 une collaboration avec le monde de la radio ; en l’occurrence avec la station XWA (qui deviendra plus tard CFCF), la première station de radio immatriculée au Canada. Quelques temps auparavant, en 1918, il avait déjà innové en créant à Lachine, près de Montréal, la Compo Company Limited, « la première usine canadienne indépendante de pressage de disques et la plus importante de son temps ». Après avoir quitter l’entreprise paternelle en 1921, H. S. continuera d’innover, mais il le fera désormais pour son propre compte à la barre de la Compo. Il dirigera cette entreprise jusqu’en 1951 où, se croyant atteint de cancer, il l’a vendra à Decca Records of England qui sera à son tour acquise en 1963 par MCA Records. Malgré ces changements, Berliner restera associé à son entreprise jusqu’à son décès en 1966.
Compo Records
Au cours de ses presque 40 ans d’existence, la Compagnie Compo enregistra nombre d’artistes canadiens ; sous l’étiquette Compo, mais aussi sous celui d’Apex. En 1925, lorsque la Starr Piano Co. mit fin à ses propres activités d’enregistrement, la Compo reprit ce nom qu’elle continua d’utiliser jusqu’en 1953. D’autre part, l’entreprise tira aussi profit à compter des années 1930 d’une longue association avec Decca Records. Au nombre des artistes qui ont profité de l’expertise d’H. S. Berliner et de son équipe, qui incluait Robert Chislett et John Bradley, on peut mentionner La Bolduc, J. O. La Madeleine, Isidore Soucy, Rex Battle, Paul Dufaut, Rodolphe Plamondon ou, encore, Don Messer et ses Islanders, ainsi que les chanteurs Eugène Daignault, Ovila Légaré, Charles Marchand et Marcel Martel.
Il mérite d’être souligné que la Compo fut aussi la première entreprise canadienne en 1924 à utiliser des presses électriques pour produire ses disques, devançant de plusieurs années tant Columbia que Victor. Vingt ans plus tard, elle devancera à nouveau la Columbia en étant la première à utiliser le Vinylite, 4 ans avant que sa compétitrice ne l’utilise pour produire les premiers 33 tours commerciaux.