Bien que Thomas Edison ait été le premier à inventer un appareil qui puisse enregistrer et reproduire des sons, c’est à Emile Berliner que l’on doit d’avoir permis la diffusion à grande échelle de cette nouvelle technologie et la croissance rapide de l’industrie de l’enregistrement sonore. Le phonographe d’Edison utilisait des cylindres qui devaient être enregistrés un à la fois, alors que l’invention de Berliner, le gramophone, utilisait des disques qu’on pouvait presser en grande quantité à partir d’un moule d’un enregistrement original unique. Il n’est pas étonnant dans ce contexte que le disque l’a éventuellement emporté sur les cylindres.
Au début du 20e siècle, on peut donc dire que les efforts qui se faisaient en matière d’enregistrement sonore à Montréal étaient centrés principalement sur la technologie de gravure sur disque. On travaillait à mettre au point des outils plus efficaces pour capter les sons et graver les disques, de même qu’à développer des matières plus adéquates pour la production de disques. Parallèlement, il continuait aussi de se faire des recherches dans d’autres secteurs connexes. En 1916, on assista ainsi à l’invention par E. C. Wente des Laboratoires Bell du microphone à condenseur efficace, qui ne fut mis en marché que dix ans plus tard par la compagnie Western Electric. L’année 1924 fut marquée par l’avènement de l’enregistrement électrique et, un an plus tard, General Electric présentait le haut-parleur dynamique à bobine mobile.
Emile Berliner
Né à Hanovre en Allemagne en 1851, Emile Berliner émigre au États-Unis en 1870 où il entreprend de devenir un scientifique et inventeur autodidacte. Sa première percée significative survient en 1877 alors qu’il met au point un microphone qui va révolutionner l’industrie naissante du téléphone. Au fil des ans, Berliner développera plusieurs autres inventions, dans une variété de domaines, mais aucune ne sera plus célèbre que son gramophone et le disque plat qui l’accompagne. C’est en 1887 que cette invention sera brevetée aux Etats-Unis. Dix ans plus tard, l’inventeur la fera également breveter au Canada, quelque temps avant d’ouvrir des bureaux à Montréal.
Au cours des 25 années qui suivront, travaillant en association avec des entreprises aux Etats-Unis, en Angleterre et en Allemagne, Berliner sera l’un des moteurs principaux de la croissance de l’industrie qu’il a contribué à mettre au monde et verra son invention prendre d’assaut la planète toute entière. Il décède en 1929, reconnus par tous comme l’un des géants du développement de la technologie moderne.
Le studio Berliner
« C’est grâce à l’initiative de la compagnie de gramophones Berliner, si nous avons maintenant à Montréal, tout ce qu’il faut, pour l’enregistrement de records parmi les nôtres. » C’est en ces termes, écrits en 1919, qu’un journaliste de la revue Le Passe Temps reconnaissait l’importance du travail accompli par le studio d’enregistrement d’Emile Berliner. L’entreprise était bien connue et appréciée.
En opération à partir de 1904, le studio a joué un rôle important au début du siècle en enregistrant la musique de nombreux artistes canadiens, aussi bien francophones qu’anglophones. Au nombre de ces personnalités appréciées se trouvaient des chanteurs tels Joseph Saucier, Emma Albani, Pauline Donalda, Mark Hambourg, Paul Dufault, Henri Prieur, de même que le quatuor à corde de la Hart House et le chef d’orchestre Henri Miro, qui assuma le rôle de directeur artistique de la Berliner Gramophone Company de 1916 à 1921.